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L’album à la banane : Le Velvet Underground & Nico

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Puisqu’il faut un début…

Sorti en 1967 (mais enregistré au milieu du printemps 1966), The Velvet Underground & Nico, souvent surnommé “l’album à la banane” en raison de sa pochette iconique conçue par Andy Warhol, est bien plus qu’un simple disque. Cet album mêle avant-garde, rock expérimental et poésie sombre et il n’a pas seulement influencé des générations de musiciens : il est devenu un véritable objet de fascination que les happy few redécouvrent des années après sa sortie


Une banane signée Andy Warhol

La pochette de l’album, avec une banane jaune sur fond blanc, est aujourd’hui l’une des images les plus célèbres de l’histoire de la musique. Ce visuel est l’œuvre d’Andy Warhol, qui a également produit l’album. La version originale avait une particularité : on pouvait peler la banane ! En soulevant un autocollant, on découvrait une banane rose en dessous, une allusion subtile mais suggestive à la culture pop et à la sexualité.

Cependant, cette originalité a causé des problèmes financiers à la maison de disques Verve Records, car le mécanisme de l’autocollant était coûteux à produire. Ce détail est rapidement devenu culte, rendant les premières éditions de l’album particulièrement recherchées par les collectionneurs.


Un échec commercial devenu un monument

À sa sortie, The Velvet Underground & Nico fut un véritable échec commercial. Avec seulement 30 000 exemplaires vendus la première année, l’album fut éclipsé par les sonorités plus accessibles des chansonettes hippies 60’s. Pourtant, comme l’a un jour affirmé le musicien Brian Eno, “seulement 10 000 personnes ont acheté cet album à sa sortie, mais chacune d’elles a formé un groupe”. Cette phrase résume parfaitement l’impact à long terme de ce disque révolutionnaire.


Les tensions entre Nico et le Velvet Underground

L’album marque la collaboration entre le Velvet Underground et Nico, mannequin et chanteuse allemande. Mais tout n’était pas rose : Lou Reed, leader du groupe, et Nico entretenaient une relation conflictuelle. Nico n’était pas la chanteuse initialement prévue, mais Andy Warhol, fasciné par son allure froide et mystérieuse, a insisté pour qu’elle soit intégrée au projet. Cela a créé des tensions, notamment lors des sessions d’enregistrement, où Reed lui refusait parfois certains morceaux, préférant les interpréter lui-même.


Les chansons controversées

L’album est rempli de morceaux qui brisent les tabous et abordent des thèmes rarement évoqués dans la musique populaire de l’époque. Voici quelques exemples :

  • “Heroin” : Une ode hypnotique et crue à l’expérience de la drogue. Bien que la chanson ne glorifie pas explicitement l’usage d’héroïne, sa description intense a choqué les auditeurs et attiré l’attention des censeurs.
  • “Venus in Furs” : Inspirée par le roman de Leopold von Sacher-Masoch, cette chanson explore le thème du masochisme, un sujet audacieux et presque inédit pour l’époque.
  • “Femme Fatale” : Une chanson douce-amère écrite par Lou Reed à la demande d’Andy Warhol, qui voulait une ode à Edie Sedgwick, l’une des muses du mouvement pop art.
  • I’m waiting for the man : l’histoire d’un type qui attend son dealer

L’anecdote du mastering : un mixage mal compris

Une autre raison de l’échec initial de l’album réside dans des problèmes techniques. Lors du pressage des premiers exemplaires, le mastering avait été mal réalisé, ce qui a altéré le son. Certaines chansons, comme All Tomorrow’s Parties, sonnaient délibérément crues, mais ce défaut technique a amplifié le caractère abrasif du disque, rebutant une partie du public.


Des anecdotes insolites sur l’album à la banane

  1. Un coup de couteau dans les relations professionnelles : Nico et John Cale, membre fondateur du Velvet Underground, auraient eu une altercation au couteau lors d’une dispute particulièrement intense. Bien que cette anecdote soit parfois contestée, elle reflète bien l’atmosphère électrique au sein du groupe.
  2. La Factory comme laboratoire créatif : Les sessions d’enregistrement furent influencées par l’ambiance unique de la Factory d’Andy Warhol, où l’art, la musique et les expérimentations sociales se mêlaient. Les musiciens racontent que des visiteurs excentriques venaient assister aux enregistrements, y compris des drag queens, des artistes underground et des marginaux.
  3. La chanson préférée de Warhol : Warhol adorait particulièrement Sunday Morning, une ballade lumineuse qui tranche avec le reste de l’album. Ironiquement, c’est l’une des rares chansons où Nico n’a pas chanté.

Un héritage monumental

Avec le temps, The Velvet Underground & Nico est devenu un album culte, célébré pour sa capacité à repousser les limites artistiques. Des artistes aussi variés que David Bowie, Patti Smith ou Sonic Youth le citent comme une influence majeure. En 2006, il a été ajouté au Registre national des enregistrements des États-Unis pour son “importance culturelle, historique ou esthétique”.


Conclusion : l’album à la banane, un symbole de contre-culture

Aujourd’hui, The Velvet Underground & Nico est bien plus qu’un simple disque : c’est un manifeste de liberté artistique et d’expérimentation. Sa capacité à choquer, inspirer et transcender les époques en fait l’un des monuments incontournables de l’histoire de la musique. Derrière cette banane désormais iconique se cache un univers complexe, sombre et révolutionnaire, qui continue de fasciner des générations entières.

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