Sorti pour la première fois en single en 1975, “Roadrunner” de Jonathan Richman et des Modern Lovers est une déclaration d’amour à la musique, à la jeunesse, et aux routes américaines. Ce morceau, souvent considéré comme l’un des premiers hymnes punk, est un mélange hypnotique de répétition, de spontanéité et de nostalgie. Mais derrière son apparente simplicité se cache une histoire fascinante, remplie d’anecdotes sur sa genèse, son enregistrement, et son impact durable.
Une chanson inspirée par le rock’n’roll de Lou Reed
Jonathan Richman a souvent évoqué l’influence de Lou Reed et du Velvet Underground sur “Roadrunner”. La structure répétitive et minimaliste de la chanson rappelle directement le morceau “Sister Ray” du Velvet Underground, que Richman admirait profondément. Cependant, là où Lou Reed explorait des thèmes sombres et provocateurs, Richman injecte dans “Roadrunner” une énergie lumineuse et une célébration presque naïve de la vie quotidienne.
Richman a déclaré qu’il avait écrit la chanson en roulant sur les routes du Massachusetts, fasciné par les enseignes lumineuses, les stations-service et la radio qui diffusait des tubes rock’n’roll. Cet amour du banal, transcendé par la musique, est au cœur de “Roadrunner”.
Deux accords pour l’éternité
Musicalement, “Roadrunner” est basé sur seulement deux accords, ce qui contribue à son côté hypnotique et répétitif. Pourtant, cette simplicité apparente cache une puissance incroyable. La rythmique directe, combinée aux paroles à la fois spontanées et poétiques de Richman, capture l’essence brute du rock’n’roll. Avec son refrain obsédant, “Radio on!”, le morceau devient une ode à la liberté et à l’évasion.
Une légende née d’une maquette
Avant sa sortie officielle en 1975, une première version de “Roadrunner” a été enregistrée en 1972 sous la direction de John Cale, ancien membre du Velvet Underground. Cette version, souvent appelée “Roadrunner (Once)”, est plus lente et introspective que la version ultérieure. Cependant, c’est l’enregistrement plus énergique et brut de 1974, connu sous le nom de “Roadrunner (Twice)”, qui est devenu le single emblématique.
Une chanson enregistrée… en une seule prise ?
Une des anecdotes les plus fascinantes autour de “Roadrunner” est que la version définitive aurait été enregistrée en une seule prise. Selon des témoins, Richman voulait capturer l’énergie spontanée du morceau et refusait toute forme de production sophistiquée. Cette approche minimaliste, combinée à l’urgence palpable de la performance, a donné au morceau son caractère intemporel.
Les routes du Massachusetts comme muse
Roadrunner est profondément enracinée dans le paysage du Massachusetts. Richman mentionne des lieux spécifiques comme Route 128, une autoroute emblématique de la région. Ces références géographiques, bien que locales, résonnent universellement : elles évoquent la liberté et la joie de rouler la nuit, de se perdre dans ses pensées et de se laisser emporter par la musique à la radio.
Des anecdotes fascinantes sur “Roadrunner”
- Une bataille pour les droits : À la suite de la sortie de “Roadrunner”, des débats ont éclaté sur la paternité de la chanson. Certains critiques ont noté la ressemblance frappante avec “Sister Ray” du Velvet Underground. Cependant, Richman a toujours insisté sur le fait que son morceau était une création originale, bien que son admiration pour Lou Reed soit évidente.
- Une chanson bannie ? Malgré son énergie positive, “Roadrunner” a été critiquée par certaines stations de radio locales pour son ton trop brut et sa répétitivité. Richman, fidèle à lui-même, a accueilli ces critiques avec indifférence, considérant que la spontanéité était l’essence même de son art.
- Un hymne pour le Massachusetts : En 2013, un mouvement a émergé pour faire de “Roadrunner” la chanson officielle de l’État du Massachusetts. Bien que l’idée n’ait pas été concrétisée, cette initiative témoigne de l’attachement des habitants à cette célébration musicale de leur région.
- Un précurseur du punk : Souvent cité comme l’un des premiers morceaux punk, “Roadrunner” a inspiré de nombreux groupes, notamment les Sex Pistols, qui ont repris la chanson. Malcolm McLaren, manager des Sex Pistols, a qualifié “Roadrunner” de “modèle parfait de ce que devait être le punk : brut, simple et honnête.”
Un héritage intemporel
Des décennies après sa sortie, “Roadrunner” reste une œuvre incontournable du rock indépendant. Elle est célébrée pour sa simplicité, son honnêteté et son énergie contagieuse. Richman, qui a ensuite adopté un style plus acoustique et enfantin, continue de jouer “Roadrunner” lors de ses concerts, preuve de l’attachement durable à cette chanson.
Roadrunner est un manifeste du rock’n’roll dans sa forme la plus pure. Jonathan Richman a capturé un moment de grâce, où la musique, les routes désertes et l’éclat des enseignes lumineuses fusionnent pour créer une expérience universelle. Que vous soyez sur la Route 128 ou une autre route quelque part dans le monde, “Roadrunner” vous rappelle la magie simple mais essentielle de rouler, d’écouter la radio et de se sentir vivant.