Une trajectoire singulière dans l’électronique contemporaine
Depuis ses débuts remarqués en 2017 avec un album éponyme, Kelly Lee Owens s’est affirmée comme une figure incontournable de l’électronique avant-gardiste. Originaire du Pays de Galles, l’artiste mêle habilement textures ambient, rythmiques techno et une voix éthérée qui semble flotter hors du temps. Après l’acclamé Inner Song (2020), elle revient en 2023 avec Dreamstate, une œuvre qui pousse encore plus loin son exploration sonore et émotionnelle.
Enregistré entre Londres et les paysages mystiques de Snowdonia, Dreamstate reflète à la fois l’introspection de l’artiste et une ouverture vers des dimensions sonores inédites. Produit en partie par James Greenwood (alias Ghost Culture) et masterisé par Heba Kadry, cet album marque un tournant, oscillant entre mélancolie organique et exaltation cosmique.
Une immersion dans le subconscient
Dreamstate s’ouvre sur le titre “Liminal Drift”, une introduction envoûtante qui combine nappes synthétiques modulantes et une ligne de basse pulsante. Ce morceau instaure un climat d’ambiguïté, où le rêve et la réalité se confondent. Kelly Lee Owens y murmure des paroles à peine audibles, comme des fragments de pensée traversant un état de demi-sommeil.
Le premier single, “Equinox”, brille par son groove hypnotique et ses percussions minimalistes, rappelant les travaux de Jon Hopkins. La structure du morceau, en crescendo, évoque une montée vers la lumière, tout en conservant une mélancolie latente. Cette dualité est une constante dans l’album : des beats percutants côtoient des mélodies fragiles, créant une tension magnétique.
Des thématiques universelles et personnelles
Kelly Lee Owens a décrit Dreamstate comme une tentative de capturer « l’état émotionnel des transitions ». Chaque piste explore un moment de passage : entre la douleur et la guérison, l’isolement et la connexion, le terrestre et le cosmique. Dans “Echoes of the Earth”, un morceau ambient soutenu par des chants choraux, elle semble dialoguer avec des forces ancestrales, évoquant une réconciliation avec la nature.
Un autre moment fort de l’album est “Infinite Now”, une pièce de neuf minutes où des boucles de synthé se superposent à un beat martelé. Ce morceau, presque méditatif, culmine dans une explosion sonore cathartique, rappelant les sets de Kelly Lee Owens en live, où l’énergie collective atteint son paroxysme.
Une production qui transcende les genres
En termes de production, Dreamstate témoigne d’une sophistication accrue. Owens expérimente avec des fréquences basses immersives et des textures granulaires, tout en incorporant des éléments acoustiques comme des cordes et des percussions organiques. Cette hybridité confère à l’album une richesse sonore qui invite à des écoutes répétées.
L’influence de pionniers comme Brian Eno ou Aphex Twin est palpable, mais Kelly Lee Owens impose son propre langage musical, où chaque détail semble minutieusement conçu. La voix, utilisée ici davantage comme un instrument, se fond dans les compositions, accentuant l’atmosphère onirique.
Une réception critique unanime
Depuis sa sortie, Dreamstate a été salué par la critique. Pitchfork l’a qualifié de « voyage introspectif et universel » et lui a attribué une note de 8,6/10. BBC 6 Music a souligné la capacité de l’artiste à « transformer des émotions complexes en paysages sonores transcendants ». Sur KEXP, l’album a été décrit comme « un miroir sonore de notre époque, oscillant entre anxiété et espoir ».
Conclusion : Un chef-d’œuvre contemplatif
Avec Dreamstate, Kelly Lee Owens livre une œuvre magistrale qui transcende les frontières de la musique électronique. Cet album s’adresse autant à l’esprit qu’au cœur, offrant une expérience immersive qui invite à la réflexion et à l’évasion.
Pour prolonger ce voyage, les auditeurs peuvent se plonger dans les univers d’artistes tels que Jon Hopkins (Immunity), Oneohtrix Point Never (R Plus Seven), ou encore Boards of Canada (Tomorrow’s Harvest). Kelly Lee Owens confirme ici son statut de visionnaire, une artiste qui continue de repousser les limites de son art.