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Mannequin Pussy – I Got Heaven

Mannequin Pussy – Une rage maîtrisée, une voix unique

Formé à Philadelphie en 2010, Mannequin Pussy a toujours incarné une énergie punk viscérale, teintée de sincérité et d’une exploration sonore audacieuse. Le groupe, initialement un duo constitué de Marisa Dabice (chant/guitare) et Thanasi Paul (guitare), a élargi ses horizons en intégrant Kaleen Reading à la batterie et Colins “Bear” Regisford à la basse, consolidant ainsi une dynamique collective qui transcende leurs débuts DIY.

Avec I Got Heaven, leur quatrième album, sorti en mars 2024, le groupe franchit un nouveau cap en matière d’intensité émotionnelle et de complexité sonore. Ce disque est la preuve éclatante que Mannequin Pussy refuse de s’enfermer dans un cadre strictement punk, s’ouvrant à des explorations plus mélodiques et atmosphériques, tout en conservant la rage qui les caractérise.


Les thèmes d’I Got Heaven : la colère, l’intimité, la rédemption

Le titre de l’album, I Got Heaven, suggère une dualité : l’espoir et la férocité, le salut et le désespoir. Dabice, connue pour son écriture viscérale et introspective, plonge ici dans des récits d’émotions crues. L’album explore des thèmes universels comme le chagrin, la guérison et la quête d’identité, tout en conservant un ton personnel et parfois brutal.

Dès les premières secondes du morceau d’ouverture, “Heaven (Is Just Another Word for My Pain)”, l’auditeur est plongé dans un tourbillon d’énergie sonore où les guitares saturées se mêlent à des lignes vocales à la fois hurlantes et mélodieuses. Dabice y questionne l’idée même de la rédemption dans une société où le chaos semble omniprésent.

“Heartache Heaven”, le deuxième morceau, tranche avec une construction plus pop-punk, rappelant les premiers travaux de Paramore, mais avec une noirceur qui évoque des influences comme Hole ou Sleater-Kinney. Ici, les paroles dénoncent les attentes oppressantes qui pèsent sur les femmes, avec une fureur maîtrisée.

À mi-parcours, “Aching Hearts Bleed Gold” se distingue par sa progression lente, presque post-rock, où des arpèges hypnotiques s’entrelacent avec une section rythmique minimaliste. C’est un moment d’introspection rare, presque méditatif, qui montre la volonté du groupe d’expérimenter avec le silence et l’espace.


Une production entre clarté et abrasivité

Enregistré aux Steakhouse Studios de Los Angeles sous la houlette de John Congleton, I Got Heaven bénéficie d’une production qui fait honneur à l’énergie brute du groupe tout en polissant leurs sonorités. Congleton, connu pour ses collaborations avec des artistes avant-gardistes comme Angel Olsen ou Sharon Van Etten, a permis à Mannequin Pussy d’atteindre une clarté sonore sans perdre leur agressivité originelle.

Les choix techniques sont judicieux : les guitares, souvent abrasives, sont contrebalancées par une basse chaleureuse et omniprésente. La batterie de Kaleen Reading est particulièrement mise en avant, apportant une puissance percussive qui ancre les morceaux dans une énergie live. Les voix de Marisa Dabice, elles, oscillent entre fragilité et puissance, capturant à la fois la douleur et la résilience.


Depuis leurs débuts, Mannequin Pussy s’est construit une base de fans fervents, séduits par leur honnêteté brutale et leur énergie live incomparable. Avec I Got Heaven, le groupe s’élève au rang de figures majeures du punk contemporain.

L’album a été salué unanimement par la critique. Pitchfork, qui a attribué un 8.8/10, décrit l’album comme “un manifeste de rage et de beauté, transcendant les limites du punk traditionnel pour embrasser une expression artistique plus large”. BBC 6 Music parle de “l’un des disques les plus captivants de l’année, un mélange cathartique de chaos et d’ordre”. Quant à Kerrang!, ils soulignent que “Mannequin Pussy atteint un équilibre parfait entre destruction et reconstruction émotionnelle”.


En conclusion : une expérience cathartique et essentielle

I Got Heaven est plus qu’un album : c’est un voyage émotionnel, une catharsis collective qui transcende les genres et les attentes. Mannequin Pussy ne se contente pas de jouer du punk ; ils le réinventent, en y injectant une sensibilité poétique et une urgence émotionnelle qui résonnent profondément.

Pour prolonger l’expérience, explorez leur album précédent, Patience (2019), qui préfigurait déjà cette richesse sonore, ou laissez-vous séduire par des œuvres similaires comme Dig Me Out de Sleater-Kinney ou Live Through This de Hole. Dans un monde saturé de productions standardisées, I Got Heaven est un rappel vital que la musique peut encore être un cri du cœur, brut, magnifique et essentiel.

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